LECTURES SUR LE PAYSAGE

Genèse
L’origine des lectures sur le paysage est une sollicitation du Forum des Musiques Nouvelles de Lorraine qui en mai 2013 m’a confié la rédaction d’un article et la tenue d’une conférence sur mon travail de phonographiste et son articulation avec la notion de paysage sonore. Outre la rédaction de l’article, j’ai proposé pour la circonstance la lecture performative d’un texte que j’ai écrit, lecture que j’ai jouée en duo avec l’artiste sonore Marc Pichelin qui composait dans l’instant le paysage électroacoustique de la lecture. C’était, avant la lettre, la première lecture sur le paysage.

Deux mois plus tard, à l’occasion d’une invitation faite par le Festival de l’Arpenteur, aux Adrets sur le massif de Belledonne, je proposais, en contrepoint à la projection in situ d’un ensemble de phonographies que j’avais réalisées sur le territoire, la lecture d’un texte écrit sur place et nourri de mes réflexions du moment. Leena Kela, artiste performeuse finlandaise avec qui je travaillais à ce moment-­‐là, développait simultanément une action très simple consistant en une présence douce dans un petit enclos avec trois brebis. Le texte était dit également en Finlandais, par l’interprète Johanna Kuningas, mais dans un rythme asynchrone. Avec un peu de recul, je me suis aperçu que cette performance constituait en fait une deuxième lecture sur le paysage, et il m’a semblé qu’une série était en germe.
Présentation
J’ai donc décidé de formaliser cette proposition et de la jouer autant qu’il me serait possible, dans des lieux et des contextes pouvant fortement différer les uns des autres.
Qu’est-­‐ce donc qu’une lecture sur le paysage ?
Les lectures sur le paysage sont une suite de lectures performatives combinant l’interprétation d’un texte et le développement d’un espace, sonore et visuel, créé dans l’instant. L’action parallèle d’un invité peut enrichir l’événement. Il s’agit d’un geste artistique qui revêt néanmoins la dimension d’une conférence. Elles sont une forme légère et sans contrainte lourde sur le plan technique. Le thème de la lecture est toujours le paysage, c’est à dire une réflexion sur la perception, sur notre être quelque part.
Chaque lecture est unique, le texte chaque fois original. Autant que possible, les matériaux engagés pour une lecture sont teintés de couleurs propres au lieu concerné. Pour cela, quand on le pourra, on essaiera d’organiser un temps de présence en amont qui permettra la gravure de quelques phonographies de l’endroit et la genèse du texte original. L’invité quant à lui peut être quelqu’un du pays dont l’action modèle ou module le paysage local. Ces conditions, souhaitables, ne sont pas impératives : une lecture sur le paysage peut aussi être donnée en un endroit sans préparation spécifique in situ.
L’objectif d’une lecture sur le paysage est d’ouvrir l’esprit à une réflexion sur la notion de paysage en lui donnant une résonance poétique.
Sens caché
L’intitulé peut être entendu à plusieurs niveaux : lecture sur le thème du paysage bien sûr, mais aussi lecture sur le paysage au sens où la voix se glisse, s’entremêle et se pose sur le moment présent et sur le paysage imaginaire que les haut-­‐parleurs, les actions et les images déploient, dans leur interaction avec les éléments du lieu.
Jeu de croisements, perspectives et bris de correspondance, entre une voix qui dit et le son qui touche, entre le langage, l’imaginaire et la simple présence.